LATELIER - Chœur de chambre de l'EMARI
Chorale classique METZ
25 mai 2019
Interview Gérard Heitz : Sillon Lorrain
Peut-être avez-vous entendu parler du Sillon Lorrain. Ce grand chœur régional d’une centaine de choristes confirmés, a comme ambition de satisfaire les besoins et les exigences d’un orchestre symphonique. Il est né en 2019 de l’association de deux chœurs mixtes (le Chœur de l’Atelier de Metz et la Manonchante de Heillecourt) et d’un chœur d’hommes (le chœur Jean Bouillet de Nancy). Ces trois chœurs ont fait leurs preuves dans un répertoire allant de la musique baroque jusqu’aux compositeurs d’aujourd’hui, de Jean-Sébastien Bach à Ola Gjeilo, de la musique sacrée aux grands airs de l’opéra italien. Rencontre avec Gérard Heitz, chef de chœur et fondateur de ce nouvel ensemble.
Votre réputation vous précède (positivement !) : passionné de musique depuis votre enfance, médaille d'or en orgue, Premier Grand Prix de chant, spécialiste de la musique de J-S. Bach, vous êtes aujourd’hui le chef de chœur de quatre chorales, dont trois qui composent le Sillon Lorrain. Que de chemin parcouru ! Quel regard portez-vous sur votre carrière ?
G.H. : Je n'étais pas du tout destiné à faire une carrière dans la musique, je suis menuisier ébéniste de formation, mais la vie en a décidé autrement.
À 20 ans, j'ai intégré une chorale, car j'aimais chanter et c'est là qu'on m'a dit que j'avais une voix et que je devrais prendre des cours ... Dix années de travail qui ont abouti à un Premier Grand Prix de Chant.
J'ai sauté le pas vers l'enseignement avec l'opportunité qui s'est présentée de prendre la direction d'une chorale à Rémilly. Au départ, cela ne devait durer que quelques semaines. J'y suis resté 20 ans!
C'est à ce moment là que j'ai compris que la voix a besoin de technique et de pratique constante, bien qu'à l'origine, elle soit un outil naturel : j'ai donc mis en place des cours de technique vocale.
Au départ, une petite poignée de choristes a joué le jeu, mais très vite, le nombre de mes élèves a augmenté. C'est ainsi que nos concerts ont pris une toute autre dimension, grâce notamment au travail effectué qui a généré la qualité des voix.
De 1998 à 2010, j'ai dirigé les chœurs de l'ALAM. En appliquant le même principe, le travail de la voix a une fois de plus porté ses fruits. L'interprétation du grand répertoire nécessite une qualité vocale de haut niveau. C'est ce que nous avons fait ensemble à l'ALAM et très rapidement, le niveau du chœur a progressé. Ce fut une très belle expérience.
L'étape suivante, en 2004, fut la création du Chœur de l'Atelier. Avec ce groupe vocal, composé de 35 chanteurs, certains de mes élèves et d'autres choristes confirmés, une parité hommes femmes, nous abordons tous les styles ... Bach, Vivaldi, Mozart, Brahms, Fauré, mais aussi des compositeurs plus contemporains comme Jenkins, Rutter ... sans oublier le répertoire des grands opéras italiens.
Avec ce chœur de chambre, dont je sentais les fortes capacités, j'ai voulu pousser encore un peu plus le niveau d'exigence vocale.
Je pense qu'aujourd'hui, et sans prétention de ma part, ces chanteurs ne feront pas marche arrière.
Vous êtes le chef de chœur du Sillon Lorrain, pouvez-vous nous expliquer quelles sont les spécificités de ce chœur hors norme ?
G.H. : Là encore, c'est le hasard!
Depuis trois ans, j'enseigne à Nancy où j'ai pris la direction du Chœur d'Hommes Jean Bouillet.
À la première écoute, j'ai remarqué un potentiel vocal incroyable, un pupitre de basse extraordinaire!
Depuis septembre 2018, j'ai repris La Manonchante à Heillecourt , chœur mixte d'une cinquantaine de choristes.
Tout naturellement, la tentation m'est venue de faire une fusion de ces trois chœurs aux particularités intéressantes pour créer une unité régionale de plus grande amplitude qui pourra fonctionner chaque fois qu'une telle puissance vocale sera nécessaire et sollicitée.
110 choristes composent Le Sillon Lorrain, toujours avec une parité hommes femmes. Ils savent tous ce que j'attends d'eux, ils se sentent investis d'une responsabilité et c'est formidable!
Vous avez à cœur d’offrir au public des prestations de hautes qualités, comment intègre-t-on un tel chœur ? Comment se déroulent les répétitions ?
G.H. : Il n'y a pas de concours d'entrée. Je reçois volontiers tout choriste qui veut entrer dans le chœur, nous discutons ensemble, je lui explique ce que j'attends de lui, on fait une petite audition et si ça fonctionne, cette personne peut intégrer le chœur.
Les répétitions se font séparément dans chaque chorale et nous nous retrouvons ensemble dès que le travail est en voie d'achèvement.
Pour le programme de Vierne, nous nous sommes déjà vus deux fois en formation complète. La troisième fois sera le 21 juin, jour de la fête de la musique pour une répétition ouverte à tous, dans l'église de Metz Queuleu à 20h30.
Vous avez des représentations programmées à la rentrée 2019 à Saint-Dié-des-Vosges, Essey-lès-Nancy, Metz, Verdun. Quelle est la suite du programme ? Comment imaginez-vous l’évolution du Sillon Lorrain ?
G.H. : Il n'y a encore rien de prévu ... peut-être la Messe Solennelle de Vierne redonnée, en 2021, cette fois dans la cathédrale de Metz mais aussi dans la cathédrale du Luxembourg? Pour l'instant, ces deux concerts ne sont qu'au stade de projet.
Mais vu que cet ensemble vocal régional a pour ambition de se mettre à disposition d'un orchestre symphonique ... pourquoi ne pas travailler, au plus vite, une œuvre avec orchestre?


Le Républicain Lorrain (5 septembre 2016)
